Une nuit sur Orient...
Il arrive parfois que nos contraintes personnelles et professionnelles impactent notre temps de pêche, ne nous permettant pas de passer autant de temps au bord de l'eau que ce que l'on espérerait... Cette année c'est mon cas, je dois jongler entre mon emploi principal, la gestion de mon entreprise d'appâts et d'autres projets personnels, ce qui ne me laisse que très peu de temps libre.
Malgré tout, j'arrive à gratter quelques nuits rapides par ci par là, qui me permettent de faire le vide et de profiter, l'espace de quelques heures.
J'aimerais partager avec vous une de mes dernières sessions rapides qui m'a réussie sur un lieu mythique que je connais bien : le lac de la forêt d'Orient.
« Chaque aventure sur ce géant est unique, qu'elle soit d'une nuit ou de plusieurs jours... »
Le mois de juin m'a souvent réussi niveau pêche sur le lac, le niveau d'eau y est souvent au taquet, ce qui rend le lac incroyablement beau avec sa multitude de roselières et d’arbres immergés. La fraie étant passée à cette période, la localisation des poissons est parfois plus complexe, mais la traque reste néanmoins tout aussi envoûtante dans un cadre comme celui-ci. Mi-juin, quelques jours avant mon anniversaire, un créneau libre dans mon emploi du temps me permet de sortir pour une courte nuit. Je décide alors de sauter sur l'occasion. Je n'ai pêché qu'une seule nuit sur le lac cette année depuis l'ouverture, sans réussite. Je compte bien me rattraper, et d'ailleurs je décide de jeter mon dévolu sur une zone que je connais bien pour l'avoir pêchée régulièrement avec succès les saisons précédentes à la même époque.
En fin de journée, je me suis arrêté pour voir deux français qui exploitent une zone non loin de la mienne pour savoir si je peux m’y installer sans les gêner. Je m’installe, et toutes les cannes sont tendues avant la nuit. La météo ne m'inspire guère confiance. Il fait chaud, il y a peu de vent, mais malgré tout je suis confiant sur le positionnement de mes cannes. L’une d’elles a été déposée en bordure dans les saules immergés sur une zone avec un fond propre. Et les deux autres, dans 3 et 4 mètres de profondeur, pêchent la pleine eau en escalier pour barrer un éventuel passage de poissons.
Après un bref repas, je m'endors bercé par les vagues avec des espoirs plein la tête. Vers 4 heures du matin, une série de bips me sort du duvet. Au vu de la touche et de la multitude de coups de têtes nerveux, je sais que j'ai piqué une des grosses tanches qui habitent le lac. Après l'avoir décrochée et relâchée, je repose la canne proprement, accompagnée d'une poignée de bouillettes.
J'ai du mal à me rendormir, et on devine déjà le jour qui commence à se lever derrière les arbres au loin. Aucune carpe n'est venue me tirer de mon sommeil. J'observe le spectacle formidable qui s'offre à moi, la tronche encore enfarinée pour n’avoir dormi qu'une poignée d'heures.
« Un lever de soleil tout en douceur, qui a précédé une cascade de touches... »
Mais aux alentours de 4 heures 30, une touche violente me fait sortir de mes pensées et après un rude combat dans les herbiers, je glisse une commune très longue au fond de l'épuisette ! Yessss, l'objectif est atteint.
« Une petite commune qui me permet d'ouvrir le compteur sur ce lac pour cette saison. »
La canne ayant produit la touche est retendue et quelques bouillettes rejoignent le fond. Quant à moi je retourne au bateau. Pas le temps de me rendormir, que la canne qui avait produit la tanche une heure plus tôt déroule, et ce coup-ci c'est plus sérieux. Je vois une grosse miroir se retourner sous le bateau et repartir se réfugier dans les herbiers. Malgré tout, l'issue sera en ma faveur car cette miroir d'un peu moins de 20 kilos terminera elle aussi sa course dans l'épuisette. Je suis aux anges et je m'applique pour reposer la canne car il me reste encore quelques heures d'espoir.
« Une grosse miroir typique des lieux, qui m'aura comblée de bonheur. »
Malgré ma joie, la fatigue me guette et je décide de me rendormir. Après seulement une heure de sommeil, je suis à nouveau extirpé de mon bed… une nouvelle touche vraiment violente retentit… ça déroule grave ! La bobine de mon EOS 12000 se vide à une vitesse folle. Je pars sur le poisson… une fois arrivé à l'aplomb, il s’est bien tanké dans l'herbe qui est vraiment dense ici. Il y a 4 mètres de fond sur cette zone et les herbiers viennent quasiment jusqu'à la surface. Je desserre mon frein, prends la tête de ligne à la main et commence à tirer gentiment. Ça monte… une fois le poisson dégagé de l'herbe, je reprends la canne pour terminer le combat. Une grosse et longue miroir se dessine, mais elle en décide autrement et replonge à pique dans l'herbe ! Je ne relâche pas la pression et elle finit par monter. Elle suivra le même chemin que ses copines : dans le triangle de l'épuisette !
Incroyable, rien de la nuit et je viens d'enchaîner 3 carpes en l'espace de quelques heures au lever du jour, dont cette dernière miroir qui vient frôler la barre des 22 kilos !
« Deuxième grosse miroir de cette matinée de folie !! »
L'approche employée est simple, concernant les appâts. J'utilise uniquement des bouillettes, de couleur claire pour un contraste visuel avec le fond. J’y ajoute un peu de farine carné pour éviter les silures. En l’occurrence ici, il s'agit de Milky Cream et Fruity Blueberry de la gamme LBL Products. Deux à trois poignées par canne pour l'amorçage suffisent.
Concernant les montages, je reste simple mais j'utilise des matériaux robustes pour faire le job dans la jungle aquatique qui tapisse le fond du lac. Une tête de ligne en Snag Leader 0,60/45lb, reliée à un clip plomb, puis un bas de ligne monté en Blowback Rig pour la partie terminale. J'utilise pour l'occasion la toute dernière version de la Camotex Soft en 35lb qui se fond parfaitement dans l'environnement avec son coloris camo. En guise d'hameçon, j'ai opté pour un Curve Shank X en taille 1. Simple, discret, costaud et efficace ! Il n'en faut pas plus...
« Un montage simple, robuste et efficace... de bons appâts dispatchés au bon endroit, il n'en faut pas plus. »
Après toutes ces émotions, impossible de se rendormir, et le soleil chauffe déjà malgré qu'il soit encore tôt. Je suis ravi de ce coup du matin improbable. Et je ne suis pas au bout de mes surprises car ma troisième canne placée dans les arbres immergés qui était restée silencieuse, démarre à son tour ! Après un combat rapide mais violent, une dernière petite commune vient faire un tour sur mon tapis de réception. Je n'en espérais pas tant ! C'est tout bonnement fou cette cascade de touches en si peu de temps sur ce lac, mais tant mieux je ne vais pas m'en plaindre !
« Une dernière petite commune avant de quitter le lac, et de rejoindre la maison pour reprendre le train-train quotidien. »
Après la séance photos, je décide de plier les cannes et de remonter les encres, direction la mise à l'eau.
Retour à la réalité, il est difficile de plier avec ce temps, le soleil monte et il commence à faire très chaud. Je garde la motivation après ce moment que je viens de vivre, et je remballe le matériel.
Quand mon temps de pêche est réduit, je suis encore plus motivé et appliqué dans mes approches. La preuve avec cette session !
J’ai déjà hâte d’y retourner …